Et voici le communiqué de presse de Solidaritat pour juillet 2017.

Bonne lecture, la solidarité continue !

Solidaritat*

 

 

Pour la deuxième fois depuis le mois de mai 2017 l’association Solidaritat Ubaye se voit contrainte de protester avec la plus grande énergie contre les décisions préfectorales d’expulsions vers l’Italie de 11 demandeurs d’asile du CAO de Barcelonnette.

La gestion actuelle de la Préfecture de Digne démontre de façon implacable que l’État français s’aligne sur le non- respect du Droit d’asile qui prévaut dans la plupart des autres pays d’Europe et qui mène à un échec effroyable .

L’association Solidaritat Ubaye, qui compte plus de 150 adhérents, accompagne depuis 9 mois avec une très grande réussite reconnue par tous, une quarantaine de demandeurs d’asile, accueillis en CAO aux Allaris à Barcelonnette.

Notre association réunit un ensemble d’ initiatives locales de solidarité – notamment des cours de français – organisées avec les demandeurs d’asile afin de pallier aux manquements et à l’aveuglement de l’État .

Elles ont pour but de témoigner de l’humanité la plus élémentaire : offrir réconfort et dignité à des personnes accablées par des parcours de vie jalonnés de grandes souffrances, de violences et de traumatismes insupportables .

Notre pétition du mois de mai contre l’expulsion de 6 demandeurs d’asile vers l’Italie, qui a recueillie 2500 signatures, les dizaines de lettres adressées au Préfet du 04, et la rencontre du 18 mai à la Préfecture avec la chef de cabinet n’ont reçue aucune réponse de sa part.

De la France entière, les associations qui accompagnent les migrants demandeurs d’asile, dans les CAO, ou ailleurs comme à Calais ou à La Roya, interpellent et alertent en vain les gouvernements successifs de l’État français sur les dangers d’une application répressive du « règlement Dublin III » et sur l’échec annoncé des politiques menées par la France, qui se prétendent fermes, et ne sont que duretés, violences et mépris.

Des appels d’organisations telles que la Cimade, Emmaüs, Amnesty ou la Ligue des Droits de l’Homme ne sont pas entendus.

Les sévères mises en garde du Défenseur des Droits Jacques Toubon, contre les dérives inacceptables des mesures prises contre les migrants restent lettres mortes.

« Tarir les flux d’arrivée »  selon les mots même du Ministre relèvent de l’illusion et du mensonge que nous payons au prix fort : des milliers de vie perdues, d’insupportables souffrances humaines, des bénévoles choqués, épuisés, des centaines de millions d’Euros gaspillés ….

Pourtant le nouveau Président de la République a insisté sur l’honneur et la plus grande humanité à apporter à la « gestion » des migrants.

Mais dans les pratiques l’inhumanité des politiques publiques perdurent et s’aggravent . Les opérations de « vidage périodique et systématique de Migrants » de Sangatte ou Paris vers les CAO de Régions en sont de vivants exemples .

Les CAO de « Province » doivent impérativement « faire de la place » et donc déverser à tous prix le « surplus » de DA vers d’autres États membres pour se remplir à nouveau de DA qui seront invités sous peu à prendre le même chemin …. Il s’agit d’un cycle infernal qui va contribuer fortement à la « fabrication » de clandestins dans notre pays .

Notre proximité géographique et culturelle avec l’Italie voisine, notre solidarité avec ce pays nous rendent absolument indignés par ces transferts forcés, ces déportations, alors même que l’Italie ne cesse d’alerter l’Europe et la France sur son impossibilité à gérer seule les afflux de migrants sur son territoire, du Sud à Vintimille.

Ses appels au secours ne sont pas entendus alors qu’il y a de sérieuses raisons de croire qu’ il existe des défaillances graves et systémiques dans les conditions d’accueil des demandeurs et dans la procédure d’asile.

Ces politiques brutales menées par l’État français sont dangereuses et de plus en plus contraires à l’État de Droit : même les « procédures Dublin III » pourtant extrêmement sévères, sont bafouées : avis de transfert remis sans notifications préalables traduites par exemple… déplacement pour transfert durant la période dévolue à un recours suspensif ..

Elles ne produiront que de l’incompréhension, de l’aigreur et du ressentiment chez les migrants demandeurs d’asile et seront lourdes de conséquences pour les générations à venir et nos enfants .

Simone Veil qui sera prochainement Panthéonisée disait :

« La vigilance ne doit pas être un vain mot, un appel qui résonne dans le vide de consciences endormies…

le poison du racisme, de l’antisémitisme, du rejet de l’autre, de la haine ne sont l’apanage d’aucune époque, d’aucune culture, ni d’aucun peuple.

Ils menacent à des degrés divers et sous des formes variées, au quotidien, partout et toujours, dans le siècle passé comme dans celui qui s’ouvre. »

Nous ferons en sorte que ses paroles ne soient pas enterrées !

Nous en appelons au Président de la République à convoquer une rencontre pour un travail de fond impliquant en particulier les associations de « terrain » comme Solidaritat Ubaye afin qu’émergent des politiques d’accueil et d’intégration réalistes et positives, qui permettraient de ré-écrire un règlement Européen Dublin IV empreint de solidarité et d’humanité.

Solidaritat Ubaye

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